[Lecture] Afro Une célébration

C’est en partie ce que nous démontre le livre de Katell Pouliquen, Afro une Célébration. Dans cet ouvrage magnifiquement documenté en particulier d’un point de vue photographique, Katell Pouliquen débute par une définition de ce qu’elle appelle le style Afro.

La célèbre coiffure, l’Afro, y tient une place toute particulière.

L’auteure y consacre d’ailleurs un chapitre entier. Rappel des corrélations entre le port de cette coiffure et le mouvement des droits civiques aux Etats Unis. Malcom X, Angela Davis sont bien évidement cités. Une petite parenthèse sur le mouvement « nappy » en France, petite parenthèse en effet car à ma grande surprise, aucun blog ni site internet Francophone n’a été cité dans le livre, et pourtant Dieu seul sait si nous sommes nombreux !

Le chapitre sur la coiffure Afro se termine par une « interview d’Inna Modja », la chanteuse célèbre pour son Afro gigantesque et les paroles de sa chanson « Kink in my Hair ».

… Mais l’Afro, ce n’est pas qu’une question de cheveux

Avec un savant mélange d’interview de créateurs, de citations percutantes et de visuels singlants, l’auteur célébre en effet LE style afro. Des sapeurs de Château Rouge à l’époque des Zazous des années 30 en passant par les punchlines de Mohamed Ali, ce livre est une véritable ode à la diaspora Africaine.

J’émets simplement quelques réserves et quelques déceptions, en particulier quant à la place trop peu importante accordée aux créateurs, stylistes Africains d’Afrique et de la diaspora dans cet ouvrage. A la place d’Agnes B. ou de John Galiano, j’aurais bien aimé retrouver Adama Ndiaye, créatrice de la Black Fashion Week, ou encore Saadio B. dont les créations sont, elles aussi, de véritables célébrations du style Afro.

Enfin et surtout, j’ai ressenti comme un malaise dans le chapitre consacré aux fantasmes et réprésentations des noirs. En particulier sur la vision quasi positive de l’utilisation du mot Bitch par le milieu du rap US. Selon Katell pouliquen, nous ne devrions pas y voir une énième insulte à l’égard des femmes noires américaines mais plus une revendication positive visant à « affirmer une fierté noire ». Elle y cite à cet effet la rappeuse Lil Kim, auto proclamée « Queen Bitch ». Et là, pardonnez moi du peu, je me suis dit « Lil Kim ? Fierté d’être noire ? Rappelez moi, cette femme a subi combien d’interventions de chirurgie esthétique ces 10 dernières années ? Elle ressemble encore à une noire ? Please… dont tell me she’s proud to be black. She’s just a bitch, period… »

 Pour vous mettre en appétit, s’il en est encore besoin, je vous cite quelques lignes de la préface d’Oxmo Puccino ouvrant le livre, qui m’ont quasiment émues aux larmes.

"Quelle est cette essence mystérieuse qui permit à un peuple - longtemps mis au ban de la race humaine - de conserver son énergie pendant un combat de 400 ans, au point de l'ériger au rang de langage universel?...

...Je suis dorénavant convaincu de la source profonde de ce bouleversement personnel : ce sont les retrouvailles avec les plus anciens de vos ancêtres."

Oxmo Puccino

Afro une Célébration

Editions de la Martinière

Disponible dans toutes les bonnes librairies...